vendredi, 27 août 2021
Les convois d'expulsions de l'Algérie vers le Niger se poursuivent en août 2021

Les expulsions massives régulières de l'Algérie vers le Niger se poursuivent au cours du mois d'août 2021. Avec au moins 1711 personnes expulsées les 3, 25 et 27 août 2021, le nombre de personnes expulsées depuis le début de l'année 2021 s'élève à au moins 16580 personnes.

Manif à l'ambassade algérienne à Berlin, 21 Mai 2021

 

Les expulsions se passent dans des conditions violentes de mépris de l'être humain qui mettent souvent la vie des gens expulsé.e.s en danger. Au Niger, l'un des pays les plus appauvris du monde, beaucoup de gens expulsé.e.s restent bloqué.e.s dans des conditions misérables.

 

Convoi d'expulsion "non-officiel" du 25 août 2021

Selon les observations des lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 590 personnes expulsées d'Algérie dans un convoi d'expulsion "non officiel" sont arrivées au poste de frontière d'Assamaka le 25 août 2021. Parmi elles se trouvaient huit enfants mineurs. Comme les fois précédentes, les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient les ressortissant.e.s de Guinée Conakry, au nombre de 144, et les ressortissant.e.s du Mali, au nombre de 158.

A côté d'eux, il y avait également des ressortissant.e.s de nombreux pays d'Afrique subsaharienne : 110 du Soudan, 30 de la Sierra Leone, 26 de la Côte d'Ivoire, 17 du Cameroun, 31 du Bénin, 20 du Sénégal, 15 du Burkina Faso, 21 du Nigeria, 2 du Ghana, 1 de la Guinée Bissau, 1 du Liberia, 1 du Tchad, 4 du Togo et 2 de la République Centrafricaine.

Régulièrement, les personnes expulsées dans les convois "non officiels" sont déposées dans la zone frontalière entre l'Algérie et le Niger, en plein désert. Avec cette pratique, les forces de sécurité algériennes mettent toujours la vie des expulsé.e.s en danger: Les expulsé.e.s doivent marcher entre 15 et 20 kilomètres dans le désert afin d'atteindre Assamaka, le premier village nigérien après la frontière algérienne. Affamé.e.s, déshydraté.e.s, il est à craindre que beaucoup n'y arrivent pas, si les gens se perdent dans le désert.


Convois officiels d'expulsion des 3 et 27 août 2021

Selon les lanceurs d'alerte d'Alarme Phone Sahara, 134 personnes, dont trois garçons mineurs, ont été expulsées d'Algérie vers le Niger dans un convoi officiel le 3 août 2021.

987 autres personnes, pour la plupart des citoyen.ne.s nigérien.ne.s, expulsées d'Algérie dans un convoi officiel, sont arrivées au poste de frontière d'Assamaka le 27 août 2021. Parmi elles se trouvaient 81 filles mineures, 75 femmes, 86 garçons mineurs et 745 hommes. Là encore, le nombre élevé de 167 enfants mineurs parmi les expulsé.e.s est inquiétant, compte tenu du fait que des cas de maltraitance et de séparation d'enfants de leurs parents sont régulièrement signalés dans les convois d'expulsion d'Algérie vers le Niger.

 

Accords d'expulsions et externalisation des frontières

Les expulsions d'Algérie au Niger se passent à la base d'un accord bilatéral signé en 2014 pour l'expulsion de ressortissant.e.s du Niger, dont beaucoup vivent en Algérie dans un contexte de migration souvent saisonnière. Quand même, l'état algérien en profite aussi pour expulser des nombreux.ses ressortissant.e.s d'autres pays surtout de l'Afrique Subsaharienne dans des convois "non-officiels", et jusqu'à maintenant les autorités du Niger manquent la puissance ou la volonté de stopper cette pratique.

Après l'expérience traumatisante de l'expulsion d'Algérie au Niger, beaucoup de gens expulsé.e.s restent bloqué.e.s dans des camps de l'OIM à Arlit ou à Agadez, mais aussi dans des "ghettos de migrant.e.s" non-officiels et dans les rues des villes du Niger. Des nombreux témoignages relatent les conditions de vie misérables de ces gens. C'est pourquoi des organisations de la société civile, comme Alarme Phone Sahara, ont pris des initiatives d'assistance pratique pour soulager la misère de cette population migrante.

Il faut quand même aussi voir les expulsions d'Algérie au Niger les violantions des droits humains par les forces de sécurité algériennes et les conditions de vie précaires des migrant.e.s bloqué.e.s au Niger dans le contexte de la politique d'externalisation des frontières par les pays de l'Union Européenne, qui entretiennent des accords avec le Niger pour aider à fermer les trajets de migration et qui collaborent aussi avec l'Algérie, entre autres sous forme de délivrance de grandes capacités de véhicules militaires et de technologie "sécuritaire".

 

Au vu de tout ca, Alarme Phone Sahara continue à demander:

⦁ L'arrêt immédiat des expulsions et des refoulements de réfugié-e-s et de migrant-e-s de l'Algérie vers le Niger et d'autres pays voisins!

⦁ L'annulation de l'accord d'expulsion entre l'Algérie et le Niger!

⦁ L'arrêt immédiat des expulsions d'enfants et de la séparation d'enfants de leur parents!

⦁ La fin des actes de vol et de violence des forces de sécurité algériennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s!

⦁ L'engagement de l'état du Niger pour la défense de ses citoyen.e.s qui subissent des persécutions, des violations des droits humains et des expulsions en Algérie!

⦁ La vérité et la clarification de la part l'Etat algérien sur ce qui s'est réellement passé dans les convoi d'expulsions qui ont quitté Alger le 12 et le 25 mars 2021, en particulier s'il est vrai que des personnes ont été tuées dans des accidents de bus!

⦁ L'Algérie et le Niger doivent arrêter de collaborer avec les politiques de l'externalisation des frontières européennes sur le sol africain et de prendre des matériels de militaire et de sécurité pour les utiliser contre la population migrante!