jeudi, 22 septembre 2022
Niger: Migrant.e.s sénégalais.e.s prennent la route pour marcher d’Agadez vers Niamey et réclament leur retour au Sénégal

Nouvelle étappe de proteste contre la gestion de l’OIM au Niger

Lundi le 19 Septembre 2022, un group de plus que 100 migrant.e.s sénégalais.e.s enregistré.e.s au camp de transit de l’OIM à Agadez ont commencé à marcher d’Agadez vers Niamey sur la route Agadez-Tahoua. Ils protestaient contre la gestion de leur situation par l’OIM et réclamaient leur retour au Sénégal après des mois d’attente et de blocage.

Des migrant.e.s sénégalais commencent à marcher d'Agadez à Niamey en protestation contre la gestion de l'IOM

© Alarme Phone Sahara

Comme des milliers d’autres migrant.e.s et réfugié.e.s de différentes nationalités, ces gens sénégalais.e.s étaient bloqué.e.s au Niger dans des conditions de vie très précaires où ils ne voient plus de perspectives pour continuer leur trajet de migration. Certain.e.s d’entre eux ont déjà subi l’expulsion ou le retour forcé d’Algérie ou de la Libye dans des conditions de violence et de graves violations de leurs droits humains. C’est dans cette situation précaire qu‘ils avaient décidé de retourner au Sénégal, leur pays d’origine, à travers l’OIM qui leur avait promis de prendre en charge leur retour dit „volontaire“.

Outre les mauvaises conditions de vie dans le camp de l'OIM, la protestation a finalement été déclenchée par le fait que l’OIM n'avait pas tenu ses promesses de retour au Sénégal pendant des mois, mais à plusieurs reprises reporté le départ annoncé. Quand le 19 Septembre, le départ était encore une fois annulé à la dernière minute, les migrant.e.s décidaient de se mettre en marche a pied.

Suite à la protestation, l’OIM avait promis un départ définitif pour le 22 Septembre. Selon les informations de l’équippe d’Alarme Phone Sahara à Agadez, 113 parmi les migrant.e.s sénégalais.e.s ont pu partir par avion entre temps, mais quelques-un.e.s ont encore été laissé.e.s à Agadez.

 

 

La chaîne de télé nigérienne „Canal 3“ a suivi la marche des migrant.e.s sénégalais.e.s à Agadez le 19 Septembre 2022 et interviewé des participants:

©Canal 3 Niger

 

Des paroles de participants de la marche envers „Canal 3“:

„On était à l’OIM. Ca fait plus que 3 mois ou 4 mois. On a beaucoup souffri là-bas. Il y a des promesses que nous, on ne comprend plus. Depuis le 5 passé, le mois passé, que OIM nous a promis une date, le 5 Juillet on devait partir pour rentrer au Sénégal. Il nous a promis et ca devient une fausse promis. Nous sommes plus de 160 personnes sénégalaises ici au camp de l’OIM. Ils nous ont rassemblé.e.s nous tous lá-bas, quand le 9 passé on doit partir. Le 9, jusqu’ à le matin, ils nous ont dit qu’il y a problème technique. On a tout compris. Nous, les Sénégalais, on ne connait pas faire la violence. Même si quelqu’un fait la violence, on appelle tout le monde, on les calme. Ils nous ont promis encore le 12, c’est devenu comme ca, la même chose. Le 13 encore la même chose.

Maintenant ils nous ont promis encore le 19, c’était aujourd’hui. Ils ont déjà fait la confirmation au gouvernement du Sénégal. L‘OIM a confirmé le 19, cette date du 19 on devait partir ce matin. Jusqu’à aujourd’hui le matin ils ont commencé à nous dire encore ce n’est pas possible, c’est jusqu’à 22. Nous, on a marre!“

 

„Maintenant, on est fatigués. Maintenant, qu’est-ce qu’on veut: On veut rentrer chez nous. Même si on va mourrir sur la rue, on veut rentrer chez nous parce que nous sommes des pères de famille. Même moi-même, j’ai laissé 4 enfants derrière moi. Ca fait combien de mois? 6 mois. Ca fait mal!“

 

„Nous avons eu une mission. Et notre mission est de marcher d’ici jusqu’à Niamey. Il y a à peu près 1000 et quelques kilomètres, si je ne me trompe pas. Notre problème, c’est pas un problème avec le Niger, on n’a pas un problème avec le Niger. Nous vivons la même culture avec les Nigériens. Le Niger et le Sénégal, c’est des pays frères. C’est des pays qui font parti de la CEDEAO. Donc, j’appelle aussi à la communauté du Sénégal de prendre ses responsabilités.“

 

 

D’autres impressions filmées par l’équippe d’Alarme Phone Sahara d’Agadez:

Protestations répétées à cause de graves insuffisances dans la prise en charge de migrant.e.s par l’OIM au Niger

La marche des migrant.e.s Sénégalais.e.s à Agadez le 19 Septembre 2022 est la dernière étappe de protestations répétées de migrant.e.s et réfugié.e.s contre les mauvaises conditions de vie aux camps de l’OIM au Niger et contre la mauvaise et peu fiable mise en œuvre des programmes de l‘OIM de soi-disant "retour volontaire".

Le 27 et 28 Août 2022, il y avait déjà des manifestations de migrant.e.s autour les camps de transit de l’OIM à Arlit et à Agadez. Entre autres, un group de malien.ne.s s’était adressé à la société civile malienne et au gouvernement de transition du Mali avec une déclaration vidéo pour demander de l’aide pour rentrer au pays.

A plusieurs reprises, il y avait des protestations de migrant.e.s et réfugié.e.s dans les camps de l’OIM et aussi de l’HCR au Niger pendant les dernières années.

Le fond du mécontentement et du proteste dans les établissements de ces organisations internationales est toujours le même: D’être bloqué.e.s au Niger dans des mauvaises conditions de vie et sans perspectives de s’en sortir. Et, en plus ce dernier temps, que l'OIM ne tient même pas sa promesse d'un soi-disant "retour volontaire" dans les pays d'origine, dont elle fait pourtant l'élément central de sa politique.

 

 

 

Solidarité avec les protestes des migrant.e.s et réfugié.e.s au Niger

Alarme Phone Sahara (APS) déclare sa solidarité avec les protestations des migrants* et des réfugiés dans les camps de l'OIM et du HCR et avec leurs préoccupations légitimes.

Nous condamnons la politique européenne d'externalisation du régime des frontières et de fermeture des frontières et des routes migratoires, qui est l'une des principales raisons pour lesquelles plusieurs milliers de personnes sont bloquées sans perspective dans un pays appauvri comme le Niger.

En raison de l'actualité, nous condamnons également la situationque l’OIM, malgré les budgets considérables qu’elle recoit, n’est pas prête ou pas capable de rassurer au moins des conditions de vie dignes pour les personnes dont elle s’est donné le mandat de leur prise en charge et d’organiser d’une manière fiable les programmes de retour pour les personnes qui, faute d'autres perspectives, attendent désespérément un soi-disant retour volontaire.   

 

 

Alarme Phone Sahara demande de l’OIM et ses bailleurs de fonds:

  • Fournir des ressources suffisantes pour permettre des conditions de vie décentes à tou.te.s les migrant.e.s et réfugié.e.s qui ont besoin d'assistance au Niger! 
  • L'hébergement et la prise en charge ne doivent pas dépendre de la soumission à un soi-disant "retour volontaire"!
  • Pour les personnes qui veulent rentrer dans leurs pays d’origine selon leur propre gré, il faut leur donner l’assistance nécessaire pour retourner dans des conditions dignes!
  • Au lieu de mettre des millions d’Euros pour fermer les frontières et empêcher la migration par force, il faut respecter la liberté de circulation des personnes et investir dans le sauvetage de vies sur les trajets de migration et la création de routes de voyage sécurisées pour tout le monde!

 

Alarme Phone Sahara demande aussi aux états de l’Afrique, notemment aux membres de le CEDEAO, de prendre des dispositions pour chercher des solutions au faveur de toutes les personnes bloqué.e.s sur les trajets de migration et défendre leurs droit de vivre en dignité et leur droit de libre circulation, au lieu de suivre les directives imposées par l’externalisation des frontières européennes!