jeudi, 07 octobre 2021
Réfugié.e.s en Libye : Lettre urgente à l'Union africaine après des raids brutaux et des assassinats

Le 7 octobre 2021, "Refugees in Libya", un group de réfugié.e.s et migrant.e.s en Libye, ont publié une lettre urgente à l'Union Africaine. Après la dernière vague de raids brutaux contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s à Tripoli, des personnes ont commencé à protester devant le bureau du HCR de Tripoli. Selon "Refugees in Libya", 6 personnes ont été assassinées par des gardiens de prison. Dans un communiqué de presse du 6 octobre 2021, l'International Rescue Committee (IRC) a également indiqué que plus de 5000 migrant.e.s et réfugié.e.s ont été arrêté.e.s en moins d'une semaine et appelle à leur libération immédiate.

Vous pouvez suivre le compte twitter de REFUGEES IN LIBYA. Ils appellent également à retweeter @RefugeesinLibya et à taguer @AUC_MoussaFaki, un responsable des autorités de l'Union Africaine.


Manifestation de réfugié.e.s devant le bureau du HCR à Tripoli

© Refugees in Libya
 
  

 

Lettre urgente par "Refugees in Libya" à l'Union Africaine

7 octobre 2021

UNE PLAINTE DÉPOSÉE CONTRE L'UNION AFRICAINE (UA) AU SUJET DE LEUR PRÉTENTION SUR LE CHAOS QUI SE PRODUIT EN LIBYE DEPUIS DES ANNÉES :


Madame, Monsieur :


Cette lettre provient d'un groupe de réfugié.e.s et de migrant.e.s qui sont actuellement bloqués en Libye et qui y sont bloqués depuis des années, endurant toutes sortes de violations, de tortures, d'extorsions, de conscriptions forcées, d'arrestations et de détentions arbitraires et d'assassinats illégaux. Nous sommes très émus et attristés de constater le silence de l'Union Africaine depuis 10 ans sur les meurtres et les violations graves dont sont victimes les migrant.e.s et les réfugié.e.s vivant sur les terres libyennes.


Nous sommes les citoyens de ce continent et de ces terres que nous traversons, nous demandons à voyager librement dans tous les pays africains sans obstruction. Aucun enfant africain ne devrait être considéré comme un.e migrant.e dans l'Union Africaine et ses états membres, nous avons besoin de paix, de sécurité, d'éducation et d'infrastructures. L'Union Africaine et ses états membres ont l'obligation légale de veiller à ce que nous répondions à ces attentes. Et de ne pas risquer nos vies pour s'aventurer en Europe et autres voyages en cours de route où des milliers de vies pourraient périr.

Et les rêves meurent sans voir la lumière.


Parmi ces personnes se trouvaient des enfants qui rêvaient de devenir médecin.e.s, enseignant.e.s, entrepreneurs, astronautes et pilotes. Ils avaient de plus grands rêves qui ont été enterrés avec eux dans le vaste Sahara, et ceux qui ont sombré dans les profondeurs de la mer Méditerranée sous le regard de l'Union Africaine.


L'Union Africaine n'a rien accompli depuis sa création à Syrte, le 9 septembre 1999, si ce n'est la corruption et l'échec des rêves des peuples africains par les dirigeants et les chefs d'État. Ils n'ont rien apporté au peuple qu'ils sont censés servir en toute équité.


L'Union africaine et ses États membres ont le pouvoir et les ressources nécessaires pour nourrir et éduquer leurs citoyens, mais tout ce qu'ils désirent, c'est la guerre contre leur propre peuple, et la corruption qui les conduit à leur propre croissance et à l'avidité de rester au pouvoir pendant des décennies.


L'Union Africaine n'a pas reconnu que l'afflux massif de migrant.e.s en Libye, puis en Europe, est dû à son incapacité à résoudre les problèmes africains. Les jeunes ont donc manqué d'opportunités pour explorer et se développer, s'éduquer et se nourrir.


La CEDEAO a laissé tomber les États d'Afrique de l'Ouest et les États de l'Afrique sub-saharienne en général, sous les yeux de l'Union Africaine, en forçant les populations à fuir vers l'Europe où elles risquent leur vie, où elles sont tuées comme des mouches et où les auteurs de ces crimes sont libres sans être tenus responsables de ces crimes qui peuvent être assimilés à des crimes contre l'humanité. L'Union Africaine n'a pas non plus réussi à combattre le terrorisme de Boko Haram dans les états d'Afrique de l'Ouest, forçant des millions de personnes à fuir leurs maisons, leurs états et leurs pays dans des endroits où elles ne peuvent pas se nourrir et éduquer leurs enfants.


L'Union Africaine n'a pas réussi à aborder et à mettre fin à la guerre dans la plus jeune nation du monde, le Sud-Soudan. Elle et l'IGAD ont gâché la vie de millions de Sud-Soudanais en organisant depuis des années des pourparlers de paix absurdes à Addis-Abeba, qui ne portent aucun fruit et ne répondent pas à leurs besoins sur le terrain et dans la réalité, obligeant des millions de personnes à fuir vers tous les pays voisins et à entreprendre les voyages les plus périlleux vers l'Europe.


L'Union Africaine n'a pas réussi à apporter la paix aux peuples du Congo et de l'Ouganda, tandis que l'"Armée de Résistance du Seigneur (Lords' Resistance Army - LRA)" a fait irruption, massacrant ensuite des millions de personnes à travers l'Afrique centrale et orientale, dans les pays suivants : Ouganda, Congo, Sud-Soudan, République Centrafricaine. Ils ont détruit des ressources valant des milliards d'euros, détruisant le continent et ses citoyens.


L'Union Africaine n'a pas réussi à s'attaquer au génocide des Tigrinya en Éthiopie, dirigé par Ahmed Abiy. Des millions de personnes ont été contraintes de fuir vers le Soudan voisin, où elles entreprennent un voyage plein d'incertitudes vers la Libye, à la recherche de revenus et de protection en Europe. Mais ils finissent entre les mains des autorités libyennes, des milices et des trafiquants.


L'Union Africaine n'a pas réagi au massacre qui a eu lieu à Sabratha en 2017, contre les migrant.e.s africain.e.s en Libye. Merci au peuple du Niger qui a donné un espace pour accueillir les victimes et l'offre ultérieure du Rwanda.


Ils (UA) n'ont pas non plus réagi à la frappe aérienne de Tajoura qui a assassiné des centaines de réfugié.e.s et de migrant.e.s par les drones russes sur le sol africain. Et ils prétendent ne pas être au courant de la vaste conscription forcée des migrants interceptés en mer qui a eu lieu en Libye entre 2019 et 2021. Ils n'ont jamais demandé où étaient les milliers de migrant.e.s qui ont disparu des détentions officielles libyennes.

 

Finalement, la répression brutale de Gargaresh, qui était principalement habitée par des milliers de migrant.e.s, de réfugié.e.s et de demandeurs d'asile, n'a pas retenu leur attention. Ces personnes sont des êtres humains, leur vie compte, et l'Union Africaine est tenue de veiller à ce que les autorités libyennes ne portent atteinte à aucun migrant ou réfugié sur le sol africain.


Nous demandons à l'Union Africaine et à ses États membres de nous venir en aide, de demander au gouvernement libyen de respecter les lois internationales applicables en Afrique et de traduire les auteurs en justice. Y compris le passage sûr et les vols d'évacuation humanitaire hors de Libye soient en vigueur.


Nous demandons à l'Union africaine et aux États membres de protéger nos droits fondamentaux, notamment le droit à la vie, à la liberté de circulation et à la protection.


Une fois de plus, nous réitérons nos appels à une évacuation immédiate des réfugié.e.s et des migrant.e.s qui sont fortement affecté.e.s par le dernier développement de la brutalité à Tripoli et à travers la Libye en général. Et ceux qui sont reconnus coupables doivent être traduits en justice.


® Tous droits réservés Refugees and Migrants in Libya 2021

 

Alarme Phone Sahara (APS) soutient pleinement les plaintes et les demandes à l'Union Africaine publiées par "Refugees in Libya". Nous devons également souligner que les crimes contre les droits humains et la vie des migrant.e.s et des réfugié.e.s qui se produisent en Libye sont également une conséquence des politiques migratoires répressives mises en place par les états de l'Union européenne. Depuis des années, les membres de l'UE versent des milliards d'euros aux autorités et aux milices libyennes pour détenir des personnes dans des prisons et des centres de rétention et les empêcher de se rendre en Europe. Sous les yeux de Frontex, les soi-disant garde-côtes libyens interceptent les bateaux de migrant.e.s et de réfugié.e.s en Méditerranée et ramènent illégalement les personnes en Libye par la force.

 

En solidarité avec "Refugees in Libya", Alarme Phone Sahara demande à l'Union Africaine et à ses états membres :

  • Venez à l'aide des migrant.e.s et des réfugié.e.s en Libye !
  • Demandez au gouvernement libyen de respecter les lois internationales applicables en Afrique et de traduire en justice les auteurs de crimes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s !
  • Protégez les droits fondamentaux des migrant.e.s et des réfugié.e.s, notamment le droit à la vie, à la liberté de circulation et à la protection !
  • Évacuation immédiate des réfugié.e.s et des migrant.e.s qui sont fortement affectés par le dernier développement de la brutalité à Tripoli et à travers la Libye !

 

Alarme Phone Sahara demande également au HCR de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter l'évacuation immédiate des migrant.e.s et des réfugié.e.s de Libye !

Nous exigeons également de l'Union Européenne et de ses Etats membres :

  • L'évacuation des migrants et des réfugiés de Libye !
  • Aucune extradition de personnes vers les milices et les forces de sécurité libyennes !
  • L'arrêt du financement des garde-côtes libyens et des prisons et centres de rétention libyens !
  • Des routes de voyage ouvertes et sûres au lieu d'un contrôle migratoire mortel !
  • Les ferries, pas Frontex