samedi, 01 avril 2023
Assamaka, frontière nigéro-algérienne: Plus que 10000 personnes expulsées dans 3 mois au milieu d’une crise humanitaire

Avec une fréquence sans précédent, des personnes d’origines diverses sont expulsées d’Algérie vers le Niger. Dans les 3 mois depuis le début de l’année 2023 jusqu’au 1ier Avril, c’étaient au moins 11336 gens concernées selon les observations de l’équippe d’Alarme Phone Sahara. Parmi eux, 4845 personnes étaient expulsées dans des convois „officiels“ et 6491 expulsées dans des convois „non-officiels“. Ces-dernières étaient déposées, comme d’habitude, en désert dans la zone frontalière au „point zéro“ et forcées à marcher les 15 kilomètres jusqu’au village d’Assamaka.

Personnes expulsées arrivées à Assamaka, 26 Mars 2023

©Alarme Phone Sahara

Tout cela dans le contexte d'une crise humanitaire de plus en plus grave. En effet, selon les observations de l'équipe Alarme Phone Sahara, plus de 4000 personnes sont toujours bloquées à Assamaka, sans abri et sans approvisionnement en eau et en nourriture.

Face à cette crise humanitaire, Alarme Phone Sahara a lancé un cri d’alerte. De même, Médecins sans frontières a attiré l'attention avec insistance sur la situation alarmante.

 

Alarme Phone Sahara félicite vivement que, entre-temps, différentes institutions du côté de l'État nigérien aient reconnu l'urgence de la crise humanitaire à Assamaka et aient clairement indiqué leur disposition à prendre des mesures pratiques.

Entre autres, le gouverneur de la région d’Agadez parle explicitement d’une „crise humanitaire et sanitaire“ et a invité le 31 mars les chefs des structures institutionnelles et de la société civile actives dans le domaine de la migration à une réunion au cours de laquelle un groupe de travail a été mis en place pour planifier l'action pratique à Assamaka, y compris des questions comme le transport, l’approvisionnement d'eau et nourriture, et la mise en disposition de tentes. Ces planifications se basent entre autres sur les résultats d‘une mission conjointe que la DREC (Direction Régionale de l’État Civil, des Migrations et des Réfugiés), le Conseil Régional, le HCR, UNICEF et CIAUD (Comité International pour l'Aide d'Urgence et le Développement) ont conduit à Assamaka afin d’évaluer la situation humanitaire pour une réponse urgente.

En plus, le ministre de l’intérieur du Niger a rendu visite au „centre de transit“ de l’OIM à Agadez.

Entre-temps, des institutions européennes d'aide humanitaire et de protection civile ont également annoncé l'octroi de fonds à Assamaka.

Quand même, selon les observations d'Alarme Phone Sahara, aucune amélioration substantielle de la situation des personnes expulsées bloquées à Assamaka n'a été constatée jusqu'à présent. Des gens expulsé.e.s ont notamment protesté contre le comportement de l'OIM, qui continue de ne prendre en charge que les personnes accueillies jusqu'à présent dans son camp, où les places sont limitées.

Proteste de migrant.e.s à Assamaka ©TV5 Monde

Il est donc d'autant plus important de suivre de près, dans les jours et semaines à venir, si l'évacuation et l'aide humanitaire sont effectivement mises en place, à quelles conditions elles le sont, ce qu'il advient des fonds européens annoncés et qui en dispose.

Une question importante reste également de savoir comment les personnes concernées seront effectivement traitées et si, par exemple, leur liberté de mouvement et de décision quant à ce qu'elles veulent faire sera respectée.

 

Témoignages de deux migrants guinéens expulsés d‘Algérie, Assamaka 17 Mars 2023

©Alarme Phone Sahara

 

Article „Le Figaro“, 06 Avril 2023

 

Reportage sur TV 5 Monde, Journal Afrique, 06 Avril 2023

 

 

Chiffres de personnes expulsé.e.s arrivées à Assamaka de 23 février jusqu’au 1ier Avril 2023:

 

23 février 2023: 993 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied entre 10 heures et 17:45 heures, parmi eux 18 femmes, 14 filles mineures, 4 garcons mineurs, et 957 hommes.

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 346 Guinéen.ne.s et 218 Malien.ne.s et 126 Ivoirien.ne.s

Apart eux il y avaient 24 ressortissant.e.s du Soudan, 24 du Bénin, 18 du Burkina Faso, 13 du Caméroun, 51 du Sénégal, 6 du Nigéria, 3 du Tchad, 69 de la Gambie, 36 de la Sierra Léone, 11 du Ghana, 4 du Togo, 2 de la Guinée Bissau, 8 du Libéria, 6 du Bangladesh et une personne congolaise.

 

3 mars 2023: 1180 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied, parmi eux 4 femmes, une fille mineure, 6 garcons mineurs, et 1169 hommes.

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 318 Guinéen.ne.s et 308 Malien.ne.s et 116 Gambien.ne.s.

Apart eux il y avaient 89 ressortissant.e.s de la Côte d’Ivoire, 49 du Soudan, 19 du Bénin, 67 du Burkina Faso, 35 du Caméroun, 79 du Sénégal, 15 du Nigéria, 15 du Tchad,   37 de la Sierra Léone, 2 du Ghana, 2 du Togo, 3 de la Guinée Bissau, 12 du Libéria, 12 du Bangladesh, un homme somalien et un du Niger.

Beaucoup d'entre eux qui avaient pris la route vers Arlit ont été approché.e.s par les lanceurs d'alerte d’Alarme Phone Sahara pour les récupérer saint et sauf.

 

5 mars 2023: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel avec 679 personnes, y compris 19 femmes, 10 filles mineures, 11 garcons mineurs et 639 hommes. Parmi les expulsé.e.s étaient 617 citoyen.ne.s nigérien.ne.s et 62 ressortissant.e.s d’autres pays: 48 de la Guinée Conakry, 12 du Mali, une personne du Nigéria et une du Tchad.

 

15 mars 2023: 832 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied, parmi eux 4 femmes, une fille mineure, un garcon mineur et 826 hommes.

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 316 Guinéen.ne.s et 309 Malien.ne.s.

Apart eux il y avaient 51 ressortissant.e.s de la Côte d’Ivoire, 31 de la Gambie, 8 du Soudan, 7 du Bénin, 6 du Burkina Faso, 22 du Caméroun, 35 du Sénégal, 2 du Nigéria,, 29 de la Sierra Léone, 2 du Togo, 8 de la Guinée Bissau, 4 du Libéria et une personne congolaise. En plus un homme de Bangladesh qui était refoulé directement en Algérie.  

 

15 mars 2023: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel avec 705 personnes, y compris 80 femmes, 59 filles mineures, 22 garcons mineurs et 544 hommes. Parmi les expulsé.e.s étaient 701 citoyen.ne.s nigérien.ne.s, en plus 4 ressortissant.e.s du Yemen qui étaient refoulés à la frontière.

 

24 mars 2023: 606 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied, parmi eux 3 femmes, 3 filles mineures, 6 garcons mineurs et 594 hommes. L'arrivée tardive en soirée a été jugée particulièrement inhabituelle par l’équippe d’Alarme Phone Sahara.

Les plus grands groupes d'expulsé.e.s étaient 263 Guinéen.ne.s et 152 Malien.ne.s.

Apart eux il y avaient 43 ressortissant.e.s de la Côte d’Ivoire, 55 de la Gambie, 9 du Bénin, 3 du Burkina Faso, 21 du Caméroun, 18 du Sénégal, 4 du Nigéria,, 10 de la Sierra Léone, 3 de la Guinée Bissau, 12 du Libéria, une personne nigérienne, une personne tchadienne et une personne togolaise et aussi 11 personnes du Yemen.    

 

26 mars 2023: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel avec 671 personnes, y compris 35 femmes, 24 filles mineures, 26 garcons mineurs et 586 hommes. Parmi les expulsé.e.s étaient 663 citoyen.ne.s nigérien.ne.s et 8 ressortissant.e.s d’autres pays: 3 de la Guinée Conakry, 2 du Mali, une personne du Bénin, une du Togo et une de la Côte d‘Ivoire.

 

30 mars 2023: 297 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied.

Le plus grand groupe d'expulsé.e.s étaient 158 Guinéen.ne.s.

Apart eux il y avaient 2 ressortissant.e.s de la Côte d’Ivoire, 43 du Mali, 3 de la Guinée Bissau et une personne du Nigéria.

 

31 mars 2023: 386 personnes expulsées dans un convoi d'expulsion non-officiel arrivent à pied, parmi eux 3 femmes, deux filles mineures, 3 garcons mineurs et 378 hommes.

Le plus grand groupe d'expulsé.e.s étaient 181 Guinéen.ne.s.

Apart eux il y avaient 59 ressortissant.e.s de la Côte d’Ivoire, 50 de la Gambie, 42 du Mali, 3 du Caméroun, 22 du Sénégal, 19 de la Sierra Léone, une personne du Libéria, une personne béninoise et aussi une personne syrienne.  

  

1ier Avril 2023: Arrivée d‘un convoi d'expulsion officiel avec 93 ressortissant.e.s du Niger, y compris 6 femmes, 9 filles mineures, 7 garcons mineurs et 71 hommes.  

 

 

Face à la crise humanitaire à Assamaka, Alarme Phone Sahara continue à revendiquer:

  • Evacuation immédiate des milliers de migrant.e.s bloqué.e.s à Assamaka dans des conditions insupportables et leur réinsertion dans des conditions de vie dignes et humaines!
  • Réouverture immédiate de capacités suffisantes de l’accueil, de l’hébergement, de la prise en charge et du transport pour tou.te.s lesmigrant.e.s et réfugié.e.s qui en ont besoin!
  • Déblocage immédiat et urgent de moyens suffisants pour des structures locales ou d’autres porteuses d’aide humanitaire qui sont prêtes et capables de prendre en mains des initiatives concrètes d’assistance pour les migrant.e.sexpulsé.e.s et bloqué.e.s au Niger!
  • Les expulsions d'Algérie au Niger doivent être arrêtées immédiatement!
  • L'accord d'expulsions entre l'Algérie et le Niger doit être annulés.